Je m’appelle ICKO, et je suis un terrier
Je suis né à Marseille, à la belle de mai,
J’avais une gamelle, un maitre et un panier,
Et sans que je comprenne on m’a tout enlevé.
Contre quelque monnaie j’ai été échangé,
Puis échangé encore, comme on l’aurait pu faire
D’un objet obsolète dans un vide grenier,
D’un meuble inanimé qui n’a pas de repère.
J’avais beau regarder mes maitres dans les yeux,
Ils ne me voyaient pas et ne pensaient qu’à eux
A leur petit confort, leur quête mercantile,
Et se débarrassaient de moi sans un mobile
En me laissant partir vers d’autres horizons
Sans un mot, sans même me demander pardon.
Je m’appelle ICKO, et depuis ma naissance
Je n’ai guère connu que de la maltraitance
J’ai vécu l’abandon, les coups et les blessures.
Je dois à ces passages mes babines échancrées
Qui de chaque côté montrent une déchirure
des stigmates à jamais sur ma gueule imprimés
Qui en des temps anciens aurait pu me valoir
D’être exhibé au cirque comme animal de foire.
Sur cette vidéo, en fin je me repose
dans l’enfer de ma vie je vis faire une pause
Je suis né à Marseille dans les pauvres quartiers
Je suis ICKO le fort le vaillant, le guerrier