Ses clients se nomment Tito, Youri, Moustache ou Rosa. Toute la misère du monde animal défile dans son cabinet situé, comme l’a voulu le dieu des animaux, rue Paradis, à Marseille. Isabelle Terrin défend chiens et chats torturés, brûlés vifs, défenestrés ou affamés. Cette ancienne pépiniériste reconvertie dans l’avocature « porte la robe pour eux », pour leur rendre leur dignité, défendre leurs droits et honorer leur mémoire. « Tout animal qui souffre a le droit d’avoir un avocat », martèle celle qui dit être « la voix des sans-voix ». Ce qui la caractérise parmi les spécialistes du droit animalier, c’est son approche singulière de la défense. « Mon client, c’est l’animal lui-même », revendique-t-elle.
À la barre du tribunal correctionnel, lors du procès contre le bourreau d’Iboo, « le chien martyr borgne et brûlé », elle a détaillé : « Pendant quatre jours au moins, dans le huis clos sordide de l’appartement de ton maître, tu as subi la cruauté de celui-ci. Le dos brûlé, sévèrement, et l’œil crevé. Lorsque tu as agonisé, que tu n’avais plus la force de répondre à ses assauts, il t’a jeté à la poubelle comme un Kleenex usagé, et c’est là qu’on t’a trouvé, et sauvé. » L’homme au casier très chargé a écopé de dix mois de prison ferme avec un maintien en détention.
Me Terrin salue aussi cette autre avancée judiciaire, la condamnation du meurtrier d’un berger allemand (Jagger) à réparer les préjudices de ses propriétaires et des associations parties civiles à hauteur de 12 300 euros. « L’avocat est le dernier rempart contre l’oubli, c’est une mission magnifique qui me porte, défendre ces animaux opprimés, piétinés, victimes de la vilenie humaine et, pire, de l’indifférence des parquets. Le traitement de l’animal dit beaucoup de nous », fait observer Me Terrin.