CHEVELU

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Bonjour c’est CHEVELU, le matou dracénois

le beau chat de gouttière mâtiné d’angora.

Je viens vous raconter ma vie et mon trépas,

mes errances, mes fulgurances et mes émois.

J’étais le chat le plus affectueux du quartier,

celui que l’on venait nourrir et câliner.

Avec mes beaux yeux verts riboulant de tendresse

J’adorais les papouilles et aussi les caresses,

jamais un coup de griffe, jamais une baston,

ma seule mélopée était un doux ronron.

**********

A la froide saison, l’hiver au vent mauvais,

je ne côtoyais pas volontiers la grande ourse.

Mais en chat malicieux j’avais de la ressource

et me trouvais toujours d’improvisées tanières

où je m’assoupissais à l’abri des lumières,

tapi, tranquille, bienheureux et lové.

Quand la faim me gagnait et tiraillait mon ventre,

elle me poussait la gueuse à sortir de mon antre,

partir à la recherche de quelques nourritures.

Affaibli, affamé, perclus de courbatures,

je frôlais les murs noirs, longeais les caniveaux,

et les chats de gouttière trouvaient ça rigolo.

C’est vrai que j’ai connu ces moments de disette,

où il n’y avait vraiment plus rien dans ma musette,

qui m’ont conduit parfois à fouiller les poubelles

y chercher des arêtes ou des carcasses frêles.

Mais la plupart du temps je partais en ballade

sous des balcons amis miauler ma sérénade

et montrer patte blanche. J’étais un bon matou

et j’avais des amis ma foi un peu partout.

Abandonné par l’homme, ce pleutre, ce blaireau,

j’ai tôt fait de créer des bonheurs magistraux.

A la belle saison, l’été au zéphyr doux,

J’étais soudain saisi d’ineffables ardeurs,

me poussant vers la ville profonde et ses clameurs.

Je partais flamboyant courir le guilledou,

fier comme Artaban, et la queue en panache,

Je filais vers l’amour du vent dans les moustaches.

J’en ai connu des moments forts, incandescents,

où je faisais la fête jusqu’au soleil levant

là dans mon pré carré, sur cette place aux herbes,

où je venais me divertir avec superbe.

Je n’étais pas vraiment un matou de gouttière

Qui connaît de la rue les pièges et les ornières.

Ancien chat domestique j’étais un peu crédule,

et il m’aura fallu rencontrer croiser une crapule

me fixer tout à coup les yeux remplis de haine.

Il était gladiateur, et j’étais dans l’arène.

Il m’a pris par la queue et a frappé si fort

Vociférant de hargne, et sans aucun remord.

Et il a rigolé de ma courte agonie,

de la vie qui partait depuis mon corps meurtri.

Il a gagné, et changé mon adresse cosmique.

Ils m’a tué, et il a trouvé ça comique.

*************

J’habite désormais dans un autre univers

D’où je vois les écrans de vos ordinateurs

Et mon minois cerclé d’étoiles et de cœurs.

Moi le chat affectueux, ronronnant, aux yeux verts,

Je sais que vous avez trouvé de ce crime l’auteur,

Je vous regarde faire et je vous encourage.

J’habite dans le ciel, j’ai pris de la hauteur

Mais mon âme divague encore dans les parages

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